Rendez-vous en 2019

D’ici quelques heures, nous célébrerons la nouvelle année.

 

Pour chacune et chacun d’entre vous, pour vos proches, je vous adresse mes vœux les plus sincères de bonheur, de succès et de santé. Que cette année soit celle des premières fois, des réussites qui nous emplissent de joie, mais aussi des échecs qui nous font avancer.

 

2018, reconnaissons-le, fut une année intense.

 

Elle fut peuplée d’événements heureux : nos footballeurs sacrés champions du monde et nos handballeuses championnes d’Europe. Ces victoires ont démontré que la cohésion, le service du collectif permettaient de renverser des montagnes. Cette leçon-là ne saurait être propre aux compétitions sportives. L’un des nôtres, Gérard Mourou, fut désigné prix Nobel pour avoir révolutionné la physique des lasers et ouvert un champ immense d’application dans l’industrie comme en médecine. En politique, des réformes importantes purent aboutir pour notre pays comme pour l’Europe, sur la formation professionnelle ou la régulation du travail détaché.

 

Mais 2018 vit aussi des événements graves et parfois tragiques. Cet été, en Suède, des feux d’une ampleur inédite ravagèrent plus de 20 000 hectares de forêt, l’équivalent de Fontainebleau. Dans l’Aude, des inondations provoquèrent la mort de 12 personnes et des dégâts matériels se chiffrant en centaines de millions d’euros. Partout dans le monde, les conséquences des changements climatiques sont intensément ressenties. Dans ce contexte, la démission de Nicolas Hulot a démontré qu’un ministre, si populaire fût-il, ne pouvait changer la société sans que celle-ci n’y adhère, sans que d’autres voix ne s’élèvent pour ouvrir un chemin et défendre une vision.

 

Cette année 2018, je l’ai vécue pour ma part comme une épreuve. J’ai voulu sillonner notre pays, de la Moselle rurale à l’arrière-pays varois, de la cité minière d’Hénin-Beaumont à la Seine-Saint-Denis, pour en prendre le pouls et retrouver le sens de mon engagement politique. Nous avons vu monter des colères qui ne datent pas d’hier. J’avais 4 ans lorsqu’un Président fut élu pour résorber la fracture sociale. J’avais 16 ans lorsqu’un autre Président fut élu pour qu’en travaillant plus, on gagne plus. Nous en sommes toujours là.

 

Ce qui s’est exprimé ces dernières semaines avec le mouvement des Gilets jaunes porte un nom. C’est la déclinaison française d’une révolte qui saisit les classes moyennes dans l’ensemble des démocraties libérales. Parce qu’elles ne se retrouvent plus dans la mondialisation, dans la construction européenne et parfois-même dans la démocratie parlementaire. Avec des spécificités françaises bien sûr : le réveil des territoires dans un pays qui reste centralisé et où les métropoles captent l’essentiel de la prospérité, le réveil des individus dans une société où les inégalités sont moins vives qu’ailleurs mais plus figées d’une génération à l’autre.

 

Partout, en Europe et jusqu’aux Amériques, l’année 2018 aura vu l’inexorable ascension des mouvements populistes et des partis nationalistes, le rejet presque systématique des formations de gouvernement. A Budapest, un pouvoir autoritaire fermait une université, une première en Europe depuis 1943. A Rome, arrivait au pouvoir une étrange coalition, dont le programme mêle revenu universel et refus d’accueillir les navires humanitaires, instauration d’une Flat Tax et démantèlement des réformes de Matteo Renzi. Aux États-Unis, un Président élu par son peuple, mais ne respectant aucun contre-pouvoir, insultait ses alliés et décidait un retrait unilatéral de la Syrie, abandonnant la région à ses querelles intestines. En France, alors que nous avons commémoré le centenaire de l’armistice de 1918, un parti à la rhétorique nationaliste reste en tête des intentions de vote pour les prochaines élections européennes.

 

En 2019, chacune, chacun d’entre nous sera appelé.e à ses responsabilités.

 

Nous aurons à répondre aux colères, qu’il faut entendre et qu’il faut comprendre. Nous aurons à répondre aux populistes et aux agitateurs, qu’il faut regarder en face pour leur dire que, nous aussi, nous sommes le peuple. Nous aurons à faire une campagne courageuse, pour dire que notre alternative n’est pas d’aimer l’Europe telle qu’elle est ou de la quitter : nous pouvons encore la refaire telle qu’elle devrait être. Nous pouvons la délivrer de ce qu’elle est devenue et qui suscite tant de critiques parfois légitimes.

 

En 2019, notre génération a rendez-vous avec l’Europe. Je ne doute pas qu’à l’heure dite, une nouvelle vague d’engagé.e.s se lèvera et assumera son rôle historique : celui d’agir en gardiens jaloux et anxieux de l’héritage qui nous est légué. Celui d’écrire le prochain chapitre de l’histoire pour reprendre notre destin en main.

 

Alors profitez bien de ces fêtes. Qu’elles vous apportent le repos et la sérénité. Car nous aurons besoin du concours de tous pour provoquer le sursaut. Nos sociétés se trouvent aujourd’hui à un carrefour de l’histoire et rien n’est jamais écrit à l’avance.

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